Le 14 mai 2018, les familles des personnes kidnappées par l’État islamique ont annoncé la création de la « Coalition des familles des personnes enlevées avec l’État islamique » lors d’une conférence de presse tenue dans la capitale française, Paris. Un certain nombre de membres des familles des kidnappés, l’avocat Anwar Al-Bunni, directeur du Centre syrien d’études et de recherches juridiques, et M. Nadim Houry, ancien directeur du programme « Terrorisme et la lutte contre » à Human Rights Watch, y ont assisté. La Coalition des personnes enlevées par l’État islamique s’est constituée suite à la défaite de l’État islamique sur la Coalition internationale contre l’État islamique ainsi que l’inaction et la négligence de tous les acteurs concernés, y compris la Coalition internationale. Étant donné que les familles n’ont reçu aucune réponse sur le sort des personnes enlevées par l’État islamique, il a été convenu dans la déclaration fondatrice de la Coalition :
Fin mars 2019, la Coalition internationale contre « l’État islamique » (Daech) et les « Forces démocratiques syriennes » (FDS) qui lui sont associées, ont annoncé que l’organisation criminelle s’était complètement retirée de toutes les zones qu’elle contrôlait en Syrie. Une bonne nouvelle, pour nous, nous familles de détenus par Daech et pour d’innombrables Syriens, à qui Daech a causé d’irréversibles traumatismes, notamment dans leur combat pour la liberté, la dignité et la justice.
Cependant, nous remarquons aujourd’hui une atmosphère ambiguë de désinformations contradictoires concernant le sort de nos proches, tout en sachant que Daech déplaçait certains de leurs prisonniers avec lui pendant qu’il se retirait suite à la reprise de leurs zones de contrôle par les FDS. Tout en sachant aussi que les centres de détention de Daech, ses sièges et ses documents sont aujourd’hui entre les mains de la Coalition internationale et les forces qui y sont attachées. Il est également admis que de nombre membres de Daech ont été capturés par la Coalition internationale et ses forces. À notre regret, ni l’un, ni l’autre n’ont pris la peine de dire quoi que ce soit sur le sort des disparus et des prisonniers, alors même que cette responsabilité politique et juridique leur incombe, en tant qu’autorité de facto dans les anciennes zones de contrôle de Daech.
Ces personnes disparues ont des proches qui, depuis des années, attendent avec impatience leur retour et de connaître des nouvelles à leur sort ; Ces absents sont les premiers à œuvrer pour la liberté, la démocratie et la justice en Syrie. Les premiers à être atteint par les prisons du régime de tyrannie et les premiers à être expulsés de leur travail, poursuivis et cachés. Ces absents sont les premiers à se rendre compte de la réalité de la montée soudaine et méconnue du djihadisme salafiste dans notre pays dès l’été 2013, et ils sont les premiers à résister contre Daech et ses homologues, pacifiquement ou par les armes, par les nouvelles ou les photos. Ils sont les premiers à souffrir du préjudice de cette organisation criminelle soit par l’enlèvement, soit par le pillage des maisons et la dispersion des familles. Ils sont l’avant-garde de la résistance à la tyrannie du régime ainsi que la barbarie de Daech.
Nous sollicitons la Coalition internationale et les milices de FDS de fournir les informations dont elles disposent concernant les prisons de l’État islamique et ce qu’elles détenaient de prisonniers. Cela peut se faire par la mise en place d’un canal de liaison qui nous met au courant, nous, les familles, de toutes les informations disponibles sur les disparus et prisonniers de nos proches.
Nous revendiquons également que cet issu soit prioritaire mis en haut de la liste pour les pays intervenant en Syrie, étant des pays ingérants, ils sont responsables juridiquement et politiquement devant tous les Syriens, et surtout devant ceux, victimes de Daech.
Ensuite, nous invitons à inclure le dossier des disparus et leurs familles dans les causes humanitaires mis en agenda des organisations internationales concernées par l’humanitaire en Syrie.
Nous considérons que la révélation du sort des premiers résistants contre Daech ainsi que ses victimes est l’épreuve tranchante des intentions des nouvelles puissances de facto et une sorte de test de leur prétendue volonté émancipatrice.
Nous voulons savoir, nous débarrasser de cette incertitude et nous protéger de l’ignorance, l’inquiétude et le chantage financier et affectif, desquels nos disparus ont été sujets pendant des années.Nous voulons des informations fiables, que ceux qui détiennent le pouvoir nous disent ce qu’ils savent sur nous bien-aimés. C’est leur devoir.
Paris, 14/05/2019